En suivant à travers les airs.



Paul : (Paule) ?...
Paule : Paul ?...
Paul : Paule : je n'irai pas pas pas droit au but : j'irais maladroit en en en ma marche.
Paule : Attention à la m... Paul !... Vois-tu ?...
Paul : Je manque quasiment tomber chaque fois que je lève la jambe.
Paule : Regarde devant toi !
Paul : Suis (face) au point aveugle.
Paule : Dame !...
Paul : Comme je te vois : mon regard n'est pas du bois dont on fait les flèches de Sébastien, le Saint archer criblé par ses hommes mêmes.
Paule : Diantre !...
Paul : Ma vision est aussi courbée que l'espace-temps l'est et les trous noirs me percent (de toute part).
Paule : En suivant à travers les airs, par la pensée,
Paul : La ligne toute droite et fictive sensée
Paule : Être décrite avec son rayon visuel,
Paul : Jusqu'au bout opposé ; la vue est arrêtée
Paule : Très loin à droite, par une longue jetée
Paul : Qui, terminant la plage, avance dans la mer ;
Paule : Elle est très exposée, il y fait beaucoup d'air ;
Paul : Une mince fumée, en partant d'un cigare,
Paule : S'éloigne avec vitesse et violence. Un phare
Paul : M'éblouit : il m'est clair que je suis vu.
Paule : Et nu et su et tout cru englouti par la bouche.
Paul : Qui dévore tout ce qui se voit.
Paule : Tu es dans la ligne de mire Paul.
Paul : Comme tout ce qui a reflet (Paule).
Paule : Tu n'es pas DANS l'action (directe). Tu es à côté (de la plaque tournée).
Paul : L'action directe n'est pas ma tasse de thé. Je suis DANS la tourneboule motrice.
Paule : Hum hum... La dialectique tu pratiques : tu affirmes, nies et in fine nies ce qui nie.
Paul : Oui Paule !... Affirmation, négation et négation de la négation. La pensée, une-fumée-d'un-feu, va par volutes, non par volontés positives. Elle se développe comme parfums fins.
Paule : Tu es loin de loucher sur ce qui brille et vouloir le flacon c'est ton tarin qui t'indique le bon chemin.
Paul : Je manque tomber quand je marche je tiens debout ainsi je vois je vais et je viens je sens que je manque tomber quand je marche mais je tiens debout ainsi et je vois et je vais et je viens et je sens que je manque tomber quand je marche et je tiens debout.
Paule : Tu ne t'étales pas au sol.
Paul : Je lève la jambe (gauche) et puis la jambe (droite) sans penser à marcher : je ne tombe pas.
Paule : Tu vois ! Tu manques tomber. Tu ne chutes pas. Tu manques tomber à chaque fois sans y parvenir là au sol chu.
Paul : Je vais d'ici à là, ah là là, c'est ici aussi là et là aussi c'est ici une fois qu'on y est là.
Paule : Hé Paul que j'aime le tour du pâté de maisons ne se fait pas directement de là à là !...
Paul : Ah là là !... Non non non... Le cheminement va en travers, la ville est maillée de rues et qui plus est sont courbes.
Paule : La voie directe va droit dans le mur.
Paul : Cul de sac (Paule) !... L'action directe ne mène pas au passage DE l'acte.
Paule : Je t'entends bien Paul : le passage À l'acte n'est pas le passage DE l'acte. N'est pas ce qui fait passage À l'action.
Paul : Oh oh !...Tu m'as bien compris : le passage À l'acte est (déjà) passé dépassé.
Paule : Mais qu'est-ce qui fait acte DE passage ? Qu'est-ce-qui-passe ? Qu'est-ce-qui-se-passe-là ?
Paul : Ce qui se passe AU passage. C'est DE passage. C'est l'ouvre DE l'oeuvre c'est l'ouvre À l'oeuvre.
Paule : Ah !... Mes trous tous mes trous. Ouverts.
Paul : À pied d'oeuvre je marche Paule à travers voies.
Paule : Je suis à tes côtés Paul.
Paul : Nous sommes présents.
Paule : Mais Paul, (dis-moi au fait), qu'est-ce qui fait action en fait ?
Paul : Bah... Tu vois... Tout ce qui n'est pas (DU EN PAR) le direct.
Paule : L'en différé est l'acte alors ?
Paul : Bah oui... C'est autour de l'action que l'acte est : avant, après, mais pas directement l'action proprement dite proprement dite elle explose : pfffuittt !...
Paule : Pfffuittt ?...
Paul : Crois-tu Paule d'amour que la ligne droite est le plus court chemin pour aller d'un point à l'autre ?
Paule : Suis-je tentée de dire oui ?...
Paul : Tu te poses la question.
Paule : Je le dis : oui.
Paul : Cours toujours. La ligne droite ma chérie, c'est le compas dans l'oeil : crevé.
Paule : Aie !...
Paul : Tu le dis borgne. L'action directe est l'action directement au trou noir. Le temps réel est réellement le temps mort.
Paule : Suis déboussolée là.
Paul : Non pas !... Sébastien se tord les yeux au ciel, c'est l'amant de ton coeur.
Paule : Ah... Paul... Je fonds, mes larmes sur mes joues, sinueuses, humidifient ma peau.
Paul : Son regard t'indique l'Aimant.
Paule : Je prends l'eau et me jette.
Paul : Tu prends acte.
Paule : Je suis agie par les vagues.
Paul : Tu ne t'agites pas.
Paule : Je flotte.
Paul : Tu baignes dans les tourbillons.
Paule : Je manque couler mais fait surface .
Paul : Il n'y a pas de droites lignes, même à l'horizon la courbe est.
Paule : Je fais la planche : mes reins sont creusés, mes seins bombés.
Paul : Où vas-tu Paule ?
Paule : Au revoir Paul.
Paul : Au revoir Paule.
Paule : Où vas-tu toi ?
Paul : Faire un tour.


« En suivant à travers les airs », un épisode de Paule et Paul écrit pour le n°47 de « Papiers Libres ».
Copyright : Antoine Moreau, novembre 2006 (avec un extrait de « La Vue » de Raymond Roussel),
« Ma peau et moi », une photographie de KRN pour « Le livre de peaux », 23 février 2005.
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